Couleur d’Automne – Réalité et interprétations

Chaque automne, la nature se métamorphose en une toile mouvante où la lumière sculpte les teintes comme un pinceau vivant. Nous photographe, devenons témoin et interprète de ce spectacle fragile : entre réalité sensorielle et expression personnelle.

Photographier l’automne, n’est pas seulement “capturer des couleurs”, c’est dialoguer avec la lumière, la météo, le temps, et cela avec notre propre regard.

Un même paysage, vu par deux personnes, ne sera jamais identique : la perception varie, la sensibilité aussi. Et c’est précisément là que naît la magie de la photographie : dans cette frontière floue entre le monde tel qu’il est et le monde tel qu’on le ressent.

Dans ce nouvel article, je vous invite à plonger dans l’art de photographier les couleurs d’automne, à comprendre comment la lumière façonne leur intensité, et comment les appareils traduisent différemment les teintes, et comment la retouche, loin de trahir la nature, peut au contraire révéler sa poésie.

Réfléchissons comment concilier fidélité de la nature (la réalité) et l’expression artistique (l’interprétation), pour que chaque image devienne le reflet de notre regard unique.

1. Comprendre la couleur : lumière, pigments et perception

Avant de toucher aux réglages, réfléchissons sur les bases de ce qui se joue dans un cliché :

  • La lumière : c’est elle qui révèle la couleur. Lumière diffuse, lumière rasante, lumière chaude de fin de journée… chacune “retrousse” les teintes automnales d’une façon différente.
  • Les pigments des feuilles : la chlorophylle diminue, laissant apparaître les caroténoïdes (jaune, orange) ou les anthocyanes (rouge). Selon les espèces d’arbre, le sol, l’état de la feuille, les nuances varient beaucoup. Tant mieux pour nous photographe 🥳 , c’est magnifique n’est-ce-pas 😉 ?
  • La perception humaine : nos yeux compensent souvent les teintes selon la luminosité ambiante: un ciel légèrement bleu pousse notre vision à “réchauffer” les tons. C’est pourquoi ce que nous voyons “en vrai” n’est pas automatiquement ce que l’appareil enregistre.

Cette différence entre ce que l’œil voit et ce que l’appareil capture est justement le point de bascule entre réalité et interprétation.

Si nous creusons plus encore, biologiquement, chaque œil (et chaque cerveau) perçoit les couleurs à sa manière : selon l’âge, l’état du cristallin, la répartition des cônes (les cellules sensibles aux longueurs d’onde de notre oeil), certaines carences ou même des différences génétiques (sans aller jusqu’au daltonisme), il y a des variations de perception des couleurs. Et, croyez-le ou non, cela peut devenir un avantage créatif puisque chacun voit différemment, en tant que photographe pourquoi ne pas miser sur cette singularité, et explorer des zones de teinte “personnelles”, et donner à nos images une signature colorée qui parlera différemment pour celui qui les regarde.

2. Capturer les teintes automnales à la prise de vue

Choix de l’heure

L’or, la couleur d’un “beau moment”, tôt le matin ou fin d’après-midi, est une évidence. La lumière est plus douce, les ombres plus longues, les couleurs plus saturées sans être agressives. L’heure dorée (juste après le lever ou juste avant le coucher) est souvent idéale pour valoriser les rouges et les ocres.

Balance des blancs, exposition, saturation native

  • Balance des blancs (WB) : en mode “automatique”, l’appareil peut neutraliser les dominantes chaudes. Si votre intention est de renforcer l’ambiance “automnale”, choisissez une WB “nuageux” ou “ombre” (plus chaude), ou ajustez-la manuellement pour accentuer les tons rouges et jaunes.
  • Exposition : sous-exposer légèrement (–⅓ à –½ IL) cela donnera un peu de contraste et renforcer les couleurs, surtout dans les zones claires. Mais attention à ne pas perdre le détail dans les ombres.
  • Saturation / profil colorimétrique : certains appareils (ou logiciels tel que DxO PhotoLab) offrent des profils “vif”, “landscape”, etc. Ces profils poussent la saturation à la prise de vue, ce qui peut nous être utile, mais à manier avec prudence ⚠️ , trop de saturation dès le départ compliquera la retouche en post-production.

Influence du ciel et des conditions météo

Un ciel uniformément gris diffuse la lumière et peut “écraser” les couleurs automnales. En revanche, après une averse, un rayon de soleil transperçant le voile nuageux, ou une clairière ouverte créent de bons contrastes dramatiques. Essayez de capturer des combinaisons; une feuille isolée baignée dans un faisceau lumineux, dans un environnement clair-obscur, ou encore sur un fond de forêt tamisé… 🧐

3. Outils de conversion RAW :

C’est ici que chaque convertisseur RAW révèle sa “voix”. Par exemple, un logiciel peut “tirer” les rouges dans une direction plus magenta, un autre vers le cramoisi. Il est précieux de comparer les rendus couleur entre ces outils (Luminar, Capture One, Lightroom, Darktable, etc.). Tout dépend de ce que vous recherchez, sur quelle base vous souhaitez démarrer.

On1 Photo Raw
On1 Photo Raw
DxO PhotoLab 9
DxO PhotoLab 9
Capture One
Capture One

Préserver la subtilité : éviter la sursaturation

C’est l’écueil classique : pousser la saturation jusqu’à l’exagération visuelle. Pour éviter cela :

  • Travaillez votre masquage local (pas forcément que le masque de couleurs) pour n’accentuer que certaines zones (feuilles, ciel, contrastes) sans toucher à tout l’ensemble.
  • Utilisez la saturation ou mieux la vibrance sélective (plutôt que générale si disponible sur votre logiciel, via calques, pinceaux …)
  • Surveillez les clipping (zones trop saturées perdues) dans l’histogramme ou avec l’avertissement de hautes lumières.

4. L’interprétation en post-production

Après la conversion ou le développement RAW, la retouche est l’étape où l’interprétation prend toute sa place. Ici, ma vision est d’obtenir un équilibre subtil entre créativité et respect de l’ambiance.

Courbes, tonalité, calques de teinte

  • Les courbes de tonalité permettent d’ajuster les contrastes sans écraser les couleurs. On peut “modeler” les tons moyens pour rendre les teintes plus profondes tout en conservant les détails. Dans Capture One ou Photoshop l’outil niveau est très pratique pour cela. Dans DxO PhotoLab depuis la version 8 l’outil gamma vous aidera.
  • Les calques de teinte / saturation (Hue/Sat) nous donneront la main sur chaque plage de couleur (rouge, orange, jaune, vert) : On peut par exemple atténuer le vert restant pour mieux faire ressortir les ocres.
  • Le split toning / tri-ton : donner des dominantes froides ou chaudes aux ombres ou aux hautes lumières pour créer une ambiance stylisée (ex. : teintes froides dans les ombres, teintes chaudes dans les hautes lumières classiquement).

5. Cas pratiques et exemples visuels

Ci-dessous quelques exemples de développements réalisés avec différents logiciels de conversion RAW, selon ce que vous souhaitez “créativement” parlant, la direction du développement peut être totalement différent, léger, profond, contrasté ou non, créatif, méditatif, un peu de tout ou rien de tout cela … 😜

Développement On1 Photo Raw
Développement On1 Photo Raw
Développement DxO PhotoLab 9
Développement DxO PhotoLab 9
Développement Capture One
Développement Capture One

6. Conseils pour un workflow adapté

  • Prévisualisation sur le terrain : activez l’histogramme sur votre boîtier pour anticiper les surexpositions.(ou l’avertissement d’exposition)
  • Traitement par lots (presets) mais avec nuance : utilisez une pré-réglages de base comme point de départ, puis ajustez, fignolez manuellement chaque image.
  • Cohérence de série : si vous présentez une série d’images automnales, veillez à maintenir une cohérence de teinte / ambiance, telle une histoire colorée qui se déroule. Pour cela aidez-vous des Luts (Look Up Table).
  • Notez tout 🤓 : mots-clés, métadonnées, enregistrez vos réglages (WB, profils, etc.), cela vous aidera par la suite à comprendre vos choix, et à vous améliorer.

7. Conclusion

L’automne est une saison double-face : technique et poétique. C’est pour nous photographes une opportunité de capturer ses couleurs, exigeant à la fois rigueur (lumière, balance des blancs, exposition), et liberté (retouche, interprétation).

Mais ce qui importe vraiment, c’est notre regard, comme nous l’avons vu plus haut, que ce soit au sens propre ou au sens figuré, nous avons tous le notre. Ce que la nature offre avec ce que nous choisissons de montrer, c’est comme cela que notre signature se dessine.

🍂 À vous de jouer ! 😜, Testez ce workflow sur vos propres images automnales et comparez les rendus entre différents convertisseurs RAW. Les couleurs sont intéressantes et révélatrices dans ce test. Vous verrez à quel point la perception des couleurs est unique à chacun et influence le résultat final.

N’hésitez pas à partager vos essais, vos réglages ou même un avant/après dans les commentaires, partageons nos visions et échangeons autour de nos visions créatives, vous pouvez d’ailleurs visiter mes galeries en ligne sur www.dragonstreetphotography.com.

Merci de votre lecture et visite et à très bientôt sur Dragonstreet Photography,

David

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